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Dans ce blog je parlerai de politique mais aussi de tout ce que j'aime (littérature, musique, sports...). N'hésitez pas à laisser vos commentaires, à partager avec moi et les autres visiteurs de se site vos avis ! ! !

18 Aug

Paul Vaillant-Couturier, la culture française contre le fascisme, 16 octobre 1936, Comité central du PCF. « Les maîtres de la science et de l’art doivent être consultés et entendus. »

Publié par Araveg

 

Nous continuons la France, la France généreuse, accueillante, compréhensive, rayonnante, toute de mesure et de goût. La France qui ne peut connaître les excès du racisme, elle qui est la somme harmonieuse de tant de races, puisque sa situation géographique d’extrême cap de ­l’Europe en a fait le point où les invasions sont venues se heurter à la mer et arrêter leurs vagues, la coupe où elles se sont décantées, le filtre où elles ont laissé leurs échantillons humains quand elles ne s’arrêtaient pas.

La douceur de son climat, ses ressources, l’heureuse disposition de ses plateaux et de ses vallées y ont fixé les hommes de bonne heure et les ont incités aux travaux de l’esprit. Il y a plus d’un trait commun entre la grâce d’un renne gravé et peint par un chasseur préhistorique sur la paroi d’une grotte ornée de la Dordogne ou de l’Ariège et celle du cerf qui surmonte la porte du château d’Anet.

C’est de cet ensemble de richesses culturelles que nous nous sentons les héritiers.

Nous continuons la France. Nos militants sont profondément enracinés à son sol. Leurs noms ont la saveur de nos terroirs. Notre ardeur à conquérir notre patrie pour les plus grandes masses qui en sont encore expropriées vient de l’amour que nous avons pour notre pays et de notre volonté d’internationalistes que son rayonnement aide toutes les nations à retrouver, dans la paix, leur indépendance et à développer leur culture nationale, dans la marche en avant de la civilisation universelle.

Nous continuons la France. Et c’est parce que nous continuons la France que nous voulons sauver la culture. Et c’est parce que nous voulons sauver la culture et que, dès nos premiers pas, nous avons eu l’appui d’Anatole France, de Henri Barbusse, de Raymond ­Lefebvre, que nous voyons maintenant marcher à côté de nous quelques-uns parmi les plus grands d’entre les savants, les professeurs, les écrivains et les artistes français de ce temps, autour ­d’André Gide, de Romain Rolland, de Malraux, de Jules Romains, de Benda, de Luc Durtain, de Vildrac, d’Aragon, de Lenormand, de Jouvet, de Lurçat, de Langevin, de Perrin, de Prenant, de Wallon, de Jean-Richard Bloch, de ­Dullin, de Moussinac, de Jean Renoir, de Francis Jourdain, de Le Corbusier, de Léger et de tant d’autres.

Nous continuons la France. Et c’est pourquoi nous en appelons, en même temps qu’à l’intelligence, à la jeunesse sacrifiée, à son esprit combatif, à son désir « que ça change », à son besoin de sacrifice, à son désintéressement, pour lui faire comprendre le monde et pour essayer avec elle de le mettre enfin à l’endroit.

Notre monde à l’envers est une cinquante chevaux en parfait état de marche, dont le conducteur exige qu’elle soit tirée par une paire de bœufs et que, de surcroît, il met en marche arrière. Il est temps que l’esprit nous aide à mettre les jeunes réalités dans de jeunes formes. C’est la vocation de l’intelligence. En décidant de leur propre sort, en choisissant la bonne route, les intellectuels décideront du sort de l’humanité. L’intelligence est à la croisée des chemins. Il lui faut choisir ! La guerre ou la paix, la servitude ou la liberté, la haine ou l’amour, le mensonge ou la vérité, la passivité ou l’action, la misère ou le bien-être créateur ? Qu’elle décide !

Une vaste réunion des intellectuels français pourrait apporter à la France la somme de leurs méditations, de leurs recherches, de leurs solutions des problèmes, de leurs connaissances techniques, de leur expérience. Les maîtres de la science et de l’art doivent être consultés et entendus. Il ne s’agit pas de réunir un parlement de parleurs, il faut constituer une Assemblée qui travaille. La société malade appelle en consultation ses médecins.

Nous, communistes, sommes persuadés que l’intelligence française peut apporter aux problèmes posés des solutions insoupçonnées. Nous ne connaissons encore que fragmentairement ses tragiques cahiers de doléances. Ils sont encore retenus dans la retraite, modeste et comme pudique, des bureaux et des laboratoires. Il faut que l’intelligence dresse son réquisitoire complet et qu’elle motive ses arrêts. Nous proposons la convocation des états généraux de l’intelligence française. 

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