Les débuts de Tardi !

La Véritable Histoire du soldat inconnu :

Mort le 10 novembre 1918 dans la boue, inhumé le 11 novembre 1918 sous l’Arc de Triomphe, auteur de romans d’aventure à cent sous, simplistes et affligeants, considéré comme « une sacrée tête de con » par ses compagnons de tranchées, voilà pour Tardi qui était le soldat inconnu !

Il plonge cet anti-héros en plein délire cauchemardesque. L’homme qui a passé sa vie à créer des êtres ignobles, malsains et néfastes pour plaire au public et satisfaire son éditeur, est amené à les rencontrer. Les confrontations, parfois teintées d’humour noir, sont toujours violentes et douloureuses.

Ce récit onirique d’une force narrative envoûtante, au dessin puissant et somptueux, est une pièce incontournable de l’œuvre de Tardi.

La Bascule à Charlot :

Au matin d’une nuit d’errance et d’alcool, un homme se réveille chez une prostituée. Peu de temps après, il la découvre à côté de lui, sans vie, poignardée, tout comme le handicapé « monstrueux » qui vivait chez elle. Il s’enfuit, est rapidement arrêté et condamné à mort.

Il ne sait pas si c’est lui qui a commis ces meurtres. Le lecteur non plus. Il doute de sa santé mentale. Le lecteur qui assiste à son exécution, aussi.

La réédition indispensable de deux récits coup-de-poing, aux propos affirmés, par l’un des auteurs majeurs de la bande dessinée contemporaine.

Histoire de ces débuts :

Initialement éditée en 1974, épuisée depuis plus d’une décennie, La Véritable Histoire du soldat inconnu est l’un des livres-phares de Jacques Tardi.

Elle est suivie, sur la proposition de l’auteur, de La Bascule à Charlot, un pamphlet contre la peine de mort, écrit à la même époque, et lui aussi introuvable.

« Bien sûr, tout ça est maladroit. Je parle de La Véritable Histoire du soldat inconnu, j’allais dire qu’il s’agit d’une erreur de jeunesse, certes oui, bien des maladresses de dessin et autres. Mais il y a là, en désordre, à peu près tous les sujets que je reprendrai par la suite chez la « Blanc-Sec » et ailleurs : savants fous , délires à la Jules Verne , dinosaures et 14-18. »

Tardi et son engagement contre la peine de mort

En 1979, en préambule à l’édition en album chez Pepperland, de La Bascule à Charlot, Tardi présentait l’histoire ainsi :

« L’histoire La Bascule à Charlot, nom donné à la guillotine, a été faite pour Charlie Mensuel. (…) Un film de Richard Brooks, De sang froid, m’avait beaucoup impressionné, d’autant plus qu’il s’agissait d’une histoire vraie, donc on ne peut plus horrible. L’exécution des deux assassins était montrée de façon minutieuse, malsaine, un réquisitoire sévère dû à la précision des préparatifs et les deux mecs ne montent pas à l’échafaud en bombant le torse, mais en chiant dans leur froc. Pour moi, c’est ça l’être humain…

C’est ce que j’ai voulu montrer, bien ou mal. On ne sait pas si le type est un assassin ou pas, parce que, s’il est coupable, il y aura encore une majorité de cons, à notre époque, pour dire : il a tué, tuons-le, c’est bien fait pour sa gueule ! Et s’il est innocent : trop facile ! On exécute un type qui n’a rien fait, la démonstration est un peu grosse, l’innocence face à la monstruosité, trop simpliste, on ne démontre rien. (…)

Bref… coupable ou non, ça ne sert à rien de tuer un type, ça n’endigue pas la criminalité, ça n’a aucune valeur d’exemple (…). En un mot, je suis contre la peine de mort ! »