Quand Camus accuse l'humanité d'un manque d'humanisme
Cette œuvre à l'atmosphère dramatique nous plonge dans une façon de vivre fondamentale, propre au narrateur. Son indifférence face au suicide d'une jeune fille un soir de promenade a poussé ce brillant avocat à un questionnement au plus profond de la conscience humaine et cela pousse irrémédiablement à réfléchir aux raisons qui obligent les hommes à arpenter une vie sans en explorer le sens ou la vérité. Cette vérité est le résultat des jugements que l'on peut porter, sur les autres ou sur soi-même, lorsqu'on se rend compte de ses fautes. Comme un dédoublement de la personnalité, lorsque la personne que l'on croit être n'est autre qu'un amoncellement de valeurs faussement acquises, comme si ce double portait un jugement nouveau sur soi.
Camus écrit rapidement ce roman fin 1955, mais l'idée lui est venue à la suite de polémiques liées à la publication de L'Homme révolté en 1951, essai qui condamne toute violence. Pour de nombreux intellectuels de gauche, Sartre en particulier, on ne peut pas amalgamer tous les régimes totalitaires (fascisme et stalinisme), Camus va subir des attaques violentes de ses anciens amis. Dans La Chute, si Clamence/Camus accepte de se juger, il en attend sans doute autant de ses « confrères parisiens » et des « humanistes professionnels ».